Association Fort des Dunes
 
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Sommaire du site  
  L'association Fort des Dunes
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  La bourse aux antiquites militaires
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la visite virtuelle

Plan de la visite





Point n°1 : Accueil
Lieu : entrée
Commentaire : L’Association Fort des dunes est heureuse de vous accueillir au sein de cet ouvrage militaire du 19ème siècle. Tout au long de l’histoire de la région dunkerquoise, le territoire de Leffrinckoucke fut le théâtre de nombreux faits d’armes liés à la défense de la ville de Dunkerque. Ses hautes dunes offraient un dernier rempart naturel avant l’accès aux localités extra-muros et à la place forte portuaire.
Profitant de cette singularité, les militaires firent construire aux 18ème, 19ème et 20ème siècles des fortifications dont la majeure partie subsiste encore de nos jours. Le « Fort des Dunes » qui fut l’ouvrage le plus imposant édifié sur le territoire leffrinckouckois est, depuis 1998, la propriété de la commune. Notre association, formée de bénévoles se propose de vous conduire parmi cet édifice et tentera de vous expliquer les raisons qui font qu’aujourd’hui cette fortification datant de 1878, où se déroulèrent des épisodes tragiques de la seconde guerre mondiale est l’un des lieux de mémoire les plus important de la Flandre maritime.




L'entrée
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Point n° 2 : Le casernement
Lieu : Voûte Nord de la cour centrale
Commentaire : Protégé par des douves fortifiées, entouré de plates-formes d’artillerie, l’intérieur du fort abrite, sous le massif central, les bâtiments du casernement. Les différentes structures, situées dans la partie ouest, sont couvertes, à l’est, par un parados de 6,5 m d’épaisseur de sable longeant la rue des remparts et sont ainsi à l’abri d’un bombardement. Cet ensemble de constructions se divise en 3 parties édifiées chacune autour d’une cour et reliées entre elles par des passages voûtés traversant les différents talus et merlons qui masquaient les façades de l’ouvrage. Chaque zone avait une fonction particulière dans la gestion du fort prévu pour subvenir aux besoins de 13 officiers, 22 sous-officiers et 416 soldats.
Cette caserne à un étage a été construite selon le procédé « Haxo ». Cet ingénieur militaire avait conçu, en 1855, une organisation architecturale des « casemates-logements ». Lorsqu’un coup avait atteint une pièce, les dégâts se limitaient dans l’espace préservant le restant de la construction. Pour résister aux bombardements, la voûte des salles ( 90 cm d’épaisseur) avait une portée inférieure à 6 mètres, les piédroits étaient très larges (1,2 m).
Le bâtiment est composé de 8 chambres de 80 m2 et de 3 chambres de 40 m2. Dans la galerie où nous sommes actuellement, se trouvaient un garde-manger, un abattoir et une cuisine. . Le fort bénéficiait d’un four de 200 rations. Au nord, au débouché de cette voûte, se trouve une cour donnant accès aux bâtiments de services du fort comprenant le magasin d’artillerie, une boulangerie, et une citerne souterraine de 405 m3. Au sommet de cette construction sur la face nord-ouest, un plan incliné recouvert de tuiles permettait d’approvisionner la réserve d’eau. Un système de gouttières y déversait la pluie. Un puits alimentait des lavabos extérieurs. Le passage voûté sud contenait les latrines, l’ambulance, l’écurie et le magasin du Génie.




La cour centrale du fort
 
 
 
 
  
Point n°3 : La Poudrière et l’Occupation
Lieu : Galerie d’entrée de la Poudrière
Commentaires : Le magasin à poudre du fort a été judicieusement édifié sous le massif central du côté nord de la fortification où nous nous trouvons actuellement. Ce positionnement offrait à cet ouvrage sensible une protection efficace. Située sous le talus du versant septentrional, la poudrière était protégée des coups directs. Sa position centrale accentuait son potentiel de préservation en raison de la présence des parapets des alvéoles d’artillerie. L’entrée donnait dans une galerie voûtée. Un autre accès excentré et indirect accédait à la cour des services.
La chambre des poudres d’une contenance de 70 000 kg a une architecture propre à son rôle. Elle comporte une double maçonnerie interne et externe, y compris dans le sous-sol, entre lesquelles circule un volume d’air. Ce principe permettait de contenir les effets d’une explosion et de garantir la qualité de l’air grâce à des cheminées d’aération. A l’intérieur pour éviter une destruction du stock, le seul métal autorisé était le bronze. Le niveau du sol était surélevé par un plancher en chêne pour isoler la poudre de l’humidité du sous-sol. Dans le sas d’entrée, un escalier donne accès à une pièce de garde dominant le magasin et le garage de chargement. Au fond du bâtiment, se trouvait la chambre des lampes équipée de lampes à pétrole avec déflecteur et séparée de la salle par des vitres munies de verres épais. Au sommet du parapet sableux de la poudrière, un paratonnerre muni de 2 tiges protégeait ce magasin contre la foudre.
A la fin du XIXème siècle, l’évolution de l’armement et par conséquent celui des munitions d’artillerie rendit désuète la poudrière du fort. L’armée fit construire en 1898 un nouveau magasin des poudres dans les dunes au sud-ouest de la fortification. Un chemin stratégique couvrait les 600 mètres qui séparaient les deux édifices militaires. Ce « Magasin à poudre bétonné des Dunes » fut remis en 1901 au service de l’Artillerie après la réussite des tests de siccité ( épreuve vérifiant la qualité du bâtiment pour la conservation des poudres). Cette poudrière d’une même contenance que celle du fort ( 70 000 kg ). Elle fut détruite pour laisser place aujourd’hui à l’Hôtel de ville et à la salle des fêtes.



 
Pendant l’occupation, les Allemands intégrèrent le fort dans le dispositif du Mur de l’Atlantique sous le nom de code « Dalhie ». Pour des raisons stratégiques, ils inversèrent le rapport entre les fortifications tel que l’avait conçu Séré de Rivières au XIXème siècle : le Fort des Dunes devenait en quelque sorte une annexe de la Batterie de Zuydcoote. Un radar de recherches marines, un blockhaus, un encuvement pour une pièce de D.C.A et plusieurs tranchées complétèrent les défenses. Le casernement servit de lieu d’intendance et de cantonnement pour l’artillerie de marine allemande. La structure de certaines pièces du bâtiment des troupes fut légèrement modifiée. Au mur d’une chambrée, les traces d’un aigle nazi et de quelques slogans restent encore visibles. La poudrière fut transformée en salle de spectacle. Elle possède toujours la scène réalisée à l’époque ainsi qu’une décoration spécifique dont une fresque murale représentant un paysage urbain s’inspirant apparemment du film « Métropolis » de Fritz Lang (1927). L’indication « Zum Theater » fut peinte dans la galerie d’accès.
 
 
 
Point n°4 : L’édification du fort
Lieu : Rue des remparts
Commentaires :
Nous avons quitté la partie ouest du fort, réservée aux bâtiments de vie, pour passer dans la partie guerrière face à la frontière belge. Dans la logique de l’édification du système défensif « Séré de Rivières », l’armée chargea le service du Génie de la place de Dunkerque de délimiter les terrains nécessaires à la réalisation de l’ouvrage. Les plans de délimitation étant exécutés, le Ministre de la guerre décréta, le 1er octobre 1877, la construction du fort de l’est et de sa batterie côtière annexe    ( la dénomination « fort de l’est » qui était l’intitulé originel sera rapidement remplacé par le nom de « fort des Dunes). 
Ce fut Etienne Louchart, un entrepreneur parisien qui fut chargé de la construction. La superficie totale du fort et de ses glacis représentait exactement 12 ha 74 a 62 ca. A la queue du glacis, un bornage réalisé en pierre de taille octogonale marquait ce terrain militaire du fort. Ensuite, réparties dans l’environnement de l’enceinte, des bornes numérotées délimitaient les 3 zones de servitudes réglementant l’implantation de construction civile au voisinage de l’édifice militaire. Cette délimitation influença l’urbanisation balnéaire au début du 20ème siècle mais les servitudes furent annihilées lors de l’édification des cités ouvrières liées à l’implantation de l’Usine des Dunes en 1912.
Ces ventes obligatoires de terrain au profit de l’Etat furent complétées par des occupations temporaires de terrains nécessaires à la logistique de la construction. L’industrie locale ne pouvait pas fournir les 18 à 20 000 000 briques nécessaires aux travaux dans le courant de l’année. A la demande de l’entrepreneur, les militaires réquisitionnèrent des parcelles agricoles aux alentours du pont de Leffrinckoucke pour y extraire la terre à briques puis fabriquer, sécher et cuire ce matériau de construction (la briqueterie qui se situait le long du canal de Furnes sur le territoire communal de Téteghem trouve peut-être ici son origine). Entre le pont et le fort, le Service du Génie établit un chemin de fer à traction de cheval et remit en état, pour ses propres besoins, l’Hofstède « Cleene Helle ». (4)



L’ordre officiel de commencement des travaux arriva le 24 septembre 1878. Ce délai causa quelques tensions avec l’entrepreneur qui, depuis le mois de juin, était disposé à entamer la construction. L’édification du « Fort des Dunes » prit fin en 1880.
        Pendant une période d’une vingtaine d’années, le fort ne connut aucune occupation qu’elle fut civile ou militaire. Laissé à l’abandon, il fut saccagé, vandalisé. Du matériel entreposé par le M.R.U ( Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme ) fut incendié causant des dégâts irrémédiables à la façade du bâtiment central et aux galeries de la caponnière nord. De nombreuses personnes vinrent démonter les menuiseries, les tuyauteries, les câbles électriques, les fours... Transformé en lieu de jeux ou de dépravation, il avait perdu sa fonction militaire, même l’armée n’occupait plus ces locaux et préférait installer des bivouacs à l’extérieur de l’ouvrage lorsqu’elle utilisait le champ de manœuvres de Leffrinckoucke.
 
 
 

Point n°5 : La défense rapprochée
Lieu : L’angle nord-est du fossé
Commentaires :
Au sommet des glacis, le fort est entouré par une douve sèche : premier obstacle à toute tentative de pénétration dans l’enceinte. Pour éviter son franchissement, ce fossé stratégique était défendu par des caponnières (ouvrages bas adossés à l’escarpe) où se répartissaient les 10 pièces d’artillerie dites de flanquement. Dans le saillant nord-est, une caponnière simple couvrait de son tir la douve nord. Le saillant sud-est était formé d’une double caponnière qui battait de son feu les fossés est et sud. Sous l’entrée, une double caponnière de front de gorge défendait de chaque côté la douve ouest. La caponnière double était implantée dans le saillant le plus exposé aux tentatives de pénétration. A chaque extrémité du couloir reliant les casemates de la caponnière, une porte blindée fermait l’accès à un chemin couvert derrière le mur d’escarpe. Ce passage permettait à l’infanterie par une multitude de meurtrières de couvrir de son feu toute la surface des douves entravée de pieux et fils métalliques. Au regard des autres fortifications « Séré de Rivières », les caponnières devaient être couvertes à leur sommet par des grilles métalliques mais nous n’avons trouvé aucune trace de ce dispositif dans le Fort des Dunes.
Le fossé est formé d’un mur de contrescarpe « attaché » : le niveau du talus extérieur arrivant au sommet de cette paroi. La maçonnerie est donc conçue pour résister à la poussée du terrain. L’enceinte est inclinée : son fruit est de 15%. Sous des arcs de décharge, entre les piliers de soutènement qui entrent dans le sol en s’élargissant, des voûtes laissent le sable s’écouler offrant ainsi une évacuation compensatoire à la pression. Le mur d’escarpe est demi-détaché : le talus du rempart se situant à la moitié de cette construction. L’étroitesse relative de la douve (8 m) et la différence de hauteur entre l’enceinte extérieure (6 m) et le rempart intérieur (4,5m) ne donnait que peu de surface aux impacts des tirs d’artillerie dont les effets étaient déjà amoindris par le défilement général du fort. Lors de la visite de la caponnière double, que vous apercevez au fond de la perspective dégagée par le fossé, vous comprendrez mieux le rôle défensif de cette douve sèche.




La douve du front est du fort
 
 
 
 
 
 
 
Point n° 6 : Les ruines de la Caponnière Nord
Lieu : La plaque commémorative des fusillés
Commentaires :
La ruine de cette caponnière est un lieu chargé d’histoire qui fut marqué par une double tragédie en 1940 et en 1944.
         Sous l’effet du bombardement aérien du 3 juin 1940, une imposante partie de la voûte de la caponnière du saillant Nord s’était effondrée sur les hommes de la 12ème D.I.M. qui s’y étaient abrités. L’étendue des destructions et la mouvance du sable avaient depuis cette journée tragique empêché toutes tentatives d’inhumation des restes de ces malheureux soldats. Les travaux de fouilles des ruines furent confiés aux sapeurs du 3ème Génie commandés par le capitaine Fluchet. Il fallut en premier lieu détruire la somme de maçonneries qui s’était écroulée. Cette tâche fut réalisée à l’aide d’explosif dégageant ainsi les pièces de la caponnière où se trouvaient encore les restes des soldats ensevelis. Un volume considérable de gravats et de sable fut déblayé puis tamisé afin d’y extraire les ossements. Après ces travaux qui avaient débuté en juillet 1955, les autorités militaires et la commune de Leffrinckoucke organisèrent une impressionnante cérémonie du Souvenir. En 1990, lors des cérémonies qui marquèrent le cinquantième anniversaire de l’Opération Dynamo, la commune de Leffrinckoucke fit réaliser un monument funéraire afin d’inhumer dignement les restes des soldats tués lors du bombardement de la caponnière du saillant Nord.
Au cours des événements qui marquèrent la Libération, les mouvements de Résistance eurent pour mission d’entraver la retraite ennemie par des actes de sabotages et de renseignements ainsi que de tenter de s’attaquer à des isolés. L’effervescence qui régnait au début du mois de septembre 1944, en raison de l’avancée des armées alliées, engendra des actions dont les conséquences furent tragiques.
Le 4 septembre 1944, à Rosendäel, un résistant décida d’intercepter un soldat de l’artillerie de marine allemande qui circulait sur le boulevard de la République. Cette tentative échoua. Le militaire allemand réussit à localiser l’habitation dans laquelle son agresseur s’était réfugié. Les autorités allemandes organisèrent le bouclage du quartier avec un déploiement de force impressionnant avant d’assaillir cette maison qui servait de cache à la Résistance locale. Un seul homme ( Yvon Miron ) évita le piège tendu par les troupes d’occupation. Les 7 autres ainsi que le père de l’un d’eux ( Marcel Reynaert ) furent arrêtés. A l’origine, internés à la Batterie de Zuydcoote où l’un d’eux ( Daniel Decroos ) avait été tué à la suite d’une tentative d’évasion, ils furent ensuite détenus au fort. Le bâtiment central du casernement possédait une prison, mais des modifications apportées à certains abris de traverse laissent à penser que les résistants furent répartis dans plusieurs geôles. Le 6 septembre à 9h15, les Allemands fusillèrent les six derniers hommes valides dans le fossé Nord à l’angle de la caponnière, où nous nous trouvons actuellement. L’un des résistants gravement blessé par une grenade lors de l’arrestation fut euthanasié. Les 7 corps ( ceux de Georges Claeyman, Vincent Dewaele, Henri Gadeyne, Roger et Marcel Reynaert, Robert Vangheluwe et Elysée Williaert ) furent ensuite ensevelis dans une fosse creusée au pied des remparts. Conformément aux ordres du tribunal militaire allemand, le mur d’enceinte contre lequel les fusillés avaient été adossés fut détruit. La maçonnerie s’écroula sur la sépulture des martyrs effaçant toute trace de l’exécution. (25)
Après la libération de Dunkerque, les membres de la Résistance locale aidés par les autorités militaires françaises effectuèrent une enquête auprès des prisonniers de guerre allemands afin de retrouver le lieu d’inhumation des corps de leurs camarades. Grâce aux indications fournies par l’ancien greffier du tribunal militaire allemand, des fouilles furent organisées sur le lieu de l’exécution. Cette tâche fut accomplie par plus d’une dizaine de prisonniers de guerre exempts de travaux de construction et déblaiement pour raison de santé. Le 30 juillet 1945, au milieu des blocs de briques qu’il avait fallu détruire à l’explosif, les corps furent découverts. Le lundi 6 août 1945, la population rendit un hommage solennel à ses martyrs lors de la cérémonie funéraire. Le 20 août, la dépouille du résistant qui avait été abattu dans les dunes fut découverte par des militaires français chargés des recherches.
Par respect pour ces hommes qui perdirent la vie en défendant des valeurs de liberté, l’Association Fort des Dunes organise chaque journée du 6 septembre une manifestation du souvenir devant cette plaque commémorative de leur sacrifice.
 


Les ruines de la caponnière nord
 
 

Point n°7 : L’implantation du fort
Lieu : Le parapet du fort
Commentaire :
Nous nous trouvons sur le parapet qui protégeait les canons d’artillerie du fort. Cet endroit offre un formidable point de vue sur le paysage environnant et notamment, par temps limpide, sur la ligne des monts de Flandre. Cet emplacement permet aussi de visualiser et comprendre sa localisation. Le site choisi pour l’édification du fort était lié à la défense terrestre de Dunkerque. Plusieurs facteurs influencèrent son implantation. Certains sites possédaient d’anciennes fortifications des XVIIème et XVIIIème siècles et formaient un noyau assez dense au sud et à l’ouest de l’agglomération dunkerquoise. Bergues, Gravelines, les forts Vallières et Castelnau sont encore aujourd’hui une preuve de ce potentiel fortifié. Le port et la ville étaient protégés par une enceinte qui avait subi des modifications récentes. Un formidable rempart naturel pouvait être réalisé en inversant le système des « Waeteringues ». Toutes les zones de polders formant la banlieue rurale de Dunkerque pouvaient être inondées d’eau douce ou d’eau de mer par modification de l’éclusage réglant l’évacuation des eaux des basses terres. Ces obstacles artificiels et naturels offraient à la région dunkerquoise des capacités de défense indéniables. Cependant une faille existait dans ce dispositif, à l’est de Dunkerque. Une bande de terrains littoraux n’était pas inondable et, en dehors des remparts de la ville, elle n’était couverte par aucune fortification. Cet espace dénommé aussi « Goulet de Bray-Dunes » formé du cordon dunaire et de polders primitifs possédait un réseau de voies de communication vitales venant de la frontière belge ( un canal, deux routes et une voie ferrée). Dans le cadre d’une nouvelle conception de défense du territoire national, il était donc impératif pour l’armée de construire un ouvrage fortifié fermant cet axe de pénétration vers le port de Dunkerque.
Le choix de l’emplacement dans la partie orientale du littoral fut lui aussi déterminé en fonction de plusieurs paramètres qui expliquent son édification à Leffrinckoucke :
- le décret du ministère de la guerre, en date du 1er octobre 1877, spécifiait que le fort devait posséder une batterie de marine annexe ; cet ouvrage côtier devant assurer la défense maritime de Dunkerque, son implantation fut définie par la localisation de la passe marine de Zuydcoote,
- ce point fortifié devait être détaché des remparts afin de bloquer l’ennemi à une distance suffisante pour préserver l’agglomération portuaire,
- la configuration du terrain permettait de placer un ouvrage au centre du goulet résistant aux inondations,
- autre élément favorable, le secteur dunaire leffrinckouckois possédaient des hautes dunes. Lors de la « bataille des dunes », en 1658, Turenne avait déjà intégré cette spécificité dans sa stratégie. Ces élévations sableuses allaient permettre d’incorporer dans le paysage un relief lié à un ouvrage fortifié.
 


Un abri de traverse avec l'un de ses emplacements de tir
 
Point n°8 : La défense rapprochée
Lieu : Caponnière sud-ouest
Commentaire :
Toutes les pièces et les galeries souterraines étaient éclairées par des lampes à pétrole logées dans des petites niches incrustées dans les parois des voûtes. Ce système d’éclairage voyait son efficacité accentuée par la peinture blanche qui recouvrait le plafond de la plupart des pièces. Numérotées, les lampes étaient régulièrement entretenues par un « lampiste » qui vérifiait leur fonctionnement, leur alimentation en pétrole et l’état de la mèche.
Les caponnières étaient armées de 2 pièces de flanquement (4 pour les caponnières doubles). Par les embrasures renforcées de pierre de taille, un canon-revolver « Hotchiss » ( cette mitrailleuse modèle 1879 était composée de 5 tubes tournant autour d’un arbre central ) et un canon de « 12-culasse » ( ancien canon de campagne de 1858 muni d’une culasse de Lahitolle et monté sur un affût métallique de type forteresse ) prenaient en enfilade la dépression défensive ( le premier tirant sur la troupe, le second étant chargé de détruire les engins de franchissement ). Au pied de ces ouvertures, une excavation était creusée empêchant tout atteinte et recueillant les débris de maçonnerie pouvant nuire à l’efficacité des tirs (8). Dans les chambres de tirs pour pièce d’artillerie, un évent surmontant l’embrasure servait à l’évacuation des fumées. Ce système d’aération était complété par une cheminée traversant le dôme sableux. Chaque caponnière était reliée à l’intérieur du fort par des escaliers ou un plan incliné sous voûte. Au bas de ce passage souterrain, des soutes permettaient de stocker les munitions amenées par chariot sur rails. Les chambres de tir étaient protégées par une succession de casemates latérales. En fonction de leur emplacement, elles possédaient différents types de fenêtres défensives :
- des meurtrières horizontales pour une utilisation en contre-plongée d’armes légères vers le fond du fossé,
- des meurtrières verticales au niveau des angles formés par la douve car la distance entre les parois y est plus grande,
- des créneaux de pied permettant un lancer de grenades dans le fossé.
 

  
La caponnière sud-ouest
 
 
 
 
 
 
Point n°9 : la batterie terrestre
Lieu : l’abri de traverse
Commentaire :
Le fort est en fait une batterie terrestre couvrant de son feu toute la bande côtière qui n’était pas touchée par les inondations stratégiques. L’analyse du plan des reliefs de l’ouvrage complétée par les renseignements détaillés dans un document du Génie militaire de la Place de Dunkerque, daté de 1882, permet de reconstituer le potentiel d’artillerie initialement prévu.
Quinze pièces de rempart armaient des crêtes basses d’artillerie à ciel ouvert. Elles surplombaient les douves et les cours intérieures. Accessibles depuis la « rue du rempart » par des escaliers maçonnés, les batteries à tir tendu dominaient le territoire couvert par leur feu. Huit pièces d’artillerie étaient disposées sur le versant est du fort, face à la frontière belge. Trois autres canons sur le talus Nord et quatre sur le côté sud empêchaient toutes tentatives de contourner la fortification. Chaque emplacement, formé d’un plancher en bois, était protégé des coups frontaux par un parapet. Latéralement, des merlons de terre faisaient office de pare-éclats. La butte formant le massif central du fort servait de parados contre les tirs à revers.
 Entre deux positions d’artillerie, sous une élévation, se trouvaient des abris dit « de traverse » car ils traversaient le parapet du fort. Ce qui correspond à la pièce où nous nous trouvons actuellement. Leur ouverture principale faisait face au parados et de chaque côté un escalier permettait aux servants d’accéder aux plates-formes de tir. L’entrée de ces ouvrages était flanquée de deux petits magasins à poudre et projectiles.
 
La pièce d’artillerie qui arma généralement les forts de type « Séré de rivière » était le canon de 90 de Bange modèle 1877. Sa portée de tir efficace était de 3 km mais il pouvait tirer jusqu’à 5 km. Il était monté sur un affût spécial avec des roues métalliques pour son utilisation en forteresse. La plupart des pièces d’artillerie n’étaient pas en position sur les crêtes à ciel ouvert. Pour des raisons de préservation et d’entretien, elles étaient emmagasinées.




Un canon de bange reconstitué
 
 
 
Point n°10 : La mort du général Janssen
Lieu : Cour du pavillon des cadres
Commentaire :
Cette galerie voûtée nous a permis d’accéder vers le sud dans une petite cour où a été édifié le pavillon des cadres. Cette construction excentrée par rapport aux logements de la troupe possède à l’étage des chambres pour le commandant du fort et les officiers responsables des différentes unités. Au rez-de-chaussée, des salles de service pour l’état-major complétaient l’édifice. La cour des cadres est reliée à la rue des remparts par un vaste couloir traversant le bâtiment puis le parados qui fut fermer à la fin du 20ème siècle.
En mai 1940, l’évolution de la bataille de France allait redonner à l’ancien fort « Séré de Rivières » une utilité militaire conséquente. Du 21 au 26 mai, des éléments du 224ème d’Infanterie rescapés des opérations de Flessingue et de la Zélande y furent regroupés avant de prendre position autour des anciennes fortifications à l’ouest et au sud de Dunkerque.
La déroute et le repli des troupes vers Dunkerque dans l’espoir d’un bateau pour l’Angleterre (l’opération Dynamo) faisaient affluer vers le littoral une quantité d’hommes ayant perdu leurs unités. Un centre de tri pour ces isolés fut organisé au sein du fort dans le but de canaliser, de regrouper ces soldats et de les diriger vers « le Camp des Dunes » qui réglait les embarquements. Le 30 mai, le général Blanchard qui ne disposait plus d’aucune autorité militaire séjourna au fort. , l’état-major de la 12ème Division d’Infanterie Motorisée, sous les ordres du général Janssen, s’installait dans les locaux du fort laissés vacants par les hommes du G.A. n°1. La 12ème D.I.M repliée de la région lilloise était chargée d’assurer la défense du front est du camp retranché de Dunkerque. Son état-major avait quitté les villas de la place de Malo-Terminus trop exposées aux tirs de l’artillerie ennemie au profit du Fort des Dunes
Le 2 juin 1940, le général Janssen se rendit sur le front pour diffuser auprès de ses commandants d’unités les consignes du rembarquement prévu pour la nuit du 3 au 4 juin. De retour vers 16 h, il monta au sommet du fort afin d’observer les bombardements sur l’aile droite de son dispositif dans le secteur de Téteghem. Vers 18h15 ou 18h45, il se trouvait devant le P.C. d’artillerie du colonel Blanchon où il discutait avec plusieurs officiers lorsque plusieurs bombardiers légers attaquèrent en piqué la forteresse ( en fonction des sources ou des témoignages le nombre varie entre 1 et 2 et même 6 avions ). Deux bombes explosèrent dans la cour du pavillon des cadres détruisant des véhicules stationnés devant les bâtiments. Au contact du sol pavé, elles ne firent qu’un faible entonnoir d’impact : leur effet n’en fut que plus meurtrier. Au pied de l’endroit où figure la plaque commémorative, le général Janssen fut mortellement blessé au crâne, à ses côtés gisaient le capitaine Hellé avec une horrible plaie au ventre et le capitaine de Varine-Bohan dont le coup était profondément entaillé. Dans le fond de la pièce, étaient étendus les corps sans vie des adjudants-chefs Princet et Deruel (18). Le capitaine Bourgerie qui avait la cuisse droite arrachée décédera le lendemain au Sanatorium de Zuydcoote où furent amenés les multiples blessés de ce bombardement. Le colonel Blanchon qui prit le commandement de la division fit inhumer les victimes sur le talus sud-ouest prés d’une plate-forme d’artillerie.



Le pavillon des cadres
 
 
Point n°11 : les bombardements de 1940
Lieu : tunnel d’entrée
Commentaires :
      Dans la matinée du 3 juin, un nouveau pilonnage fit encore des victimes. Alors que dans l’après-midi le commandant de la 12ème D.I.M. avait reçu confirmation du décrochage et de la planification de l’embarquement de ses unités, le fort était survolé par une vingtaine de bombardiers. Vers 17 h 30, six stukas quittèrent cette formation et prirent une nouvelle fois pour cible cet ouvrage du XIXème siècle. Plusieurs projectiles atteignirent leur objectif. Six bombes, dont certaines étaient à retardement, déflagrèrent à l’intérieur de l’enceinte fortifiée. Malgré une fumée dense, les rescapés s’aperçurent, tout de suite, que les dégâts étaient importants. De nombreux véhicules brûlaient dans les cours. A l’entrée, les débris d’une partie du corps de garde et du pont-levis obstruaient le fossé. Plus loin, des éléments de la voûte d’accès s’étaient affaissés sur des hommes du 3ème G.D.R.I. et du Train. Dans la cour centrale, l’escalier extérieur amenant à l’étage était détruit. Le plancher maçonné d’une salle du bâtiment des troupes s’était effondré sur l’infirmerie. La galerie permettant d’accéder au pavillon des cadres était endommagée ainsi que des pièces attenantes. La voûte des casemates de flanquement de la caponnière du fossé Nord s’était écroulée. Un abri de traverse affecté à la prévôté militaire fut entièrement détruit par l’un des projectiles ( 6 et peut-être même 10 gendarmes y moururent ). Les pertes humaines furent nombreuses. Plusieurs cadres étaient parmi les victimes.
A la suite de ces événements, l’état-major de la 12ème D.I.M. décida de quitter le fort, vers 19 heures, pour s’installer à l’école de la cité de la gare de Leffrinckoucke ( l’école Jules Ferry ) afin de gérer les dernières opérations de replis avant l’attente d’un embarquement au port de Dunkerque. En raison de la destruction du pont-levis, il fallut descendre dans la douve en profitant d’un éboulement d’une portion du mur d’escarpe côté Nord pour franchir le rempart extérieur sur les débris de maçonnerie de l’entrée.
Toujours est-il que les 2 et 3 juin 1940 furent des journées tragiques pour les hommes de la 12ème D.I.M. La plupart des écrits rappelant ces événements évoquent un nombre impressionnant de victimes. Entre 150 et 200 militaires auraient péri dans l’enceinte de l’ouvrage fortifié pendant ce laps de temps. L’étude de la liste des soldats inhumés au cimetière militaire de Leffrinckoucke tendrait à modifier à la baisse un tel chiffre. Sur 303 soldats dont la sépulture se trouvait sur le territoire communal ( recensement de 1943 ), 96 hommes avaient été enterrés provisoirement au fort des Dunes en mai et juin 1940. Même si l’on tient compte des blessés décédés après leur transfert au sanatorium de Zuydcoote, de quelques disparus et des ultimes inhumations opérées en 1955 après la fouille des ruines de la caponnière nord, il parait difficile atteindre le total des victimes habituellement avancé. Un nombre avoisinant la centaine de tués aurait sûrement été plus réaliste. Actuellement les dépouilles des militaires décédés sur le territoire de Leffrinckoucke sont encore pour un certain nombre inhumé dans la nécropole nationale située au pied du glacis du Fort des Dunes.
 


 
La galerie d'enrée du fort percée par une bombe

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
l'heure du Fort  
   
nos coordonnées  
  Association Fort des Dunes
Hôtel de Ville
330, rue Roger Salengro
59495 Lefrinckoucke
 
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