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L'architecture de la fortification
1°) les données générales
 
La fortification, type « Séré de Rivières », est un ouvrage isolé utilisant judicieusement la configuration du terrain afin de réduire au minimum les effets des tirs ennemis. Le fort de Leffrinckoucke a été édifié à 5 km de Dunkerque et à 1 km de la mer sur un talus formé par les dunes du cordon littoral qui dominaient les polders. Le sommet de son massif central qui culmine à 27 mètres est un formidable point d’observation de la plaine maritime.
Extérieurement, il apparaît comme une butte herbeuse en pente douce qui masque les différents ouvrages maçonnés composant la structure de la fortification. Le remblai sableux stabilisé en surface par une couche de terre poldérienne y joue un rôle très important puisqu’il camoufle l’ensemble de la construction tout en protégeant, sous plusieurs mètres de sable ( de 4 à 6 m ) les divers bâtiments. De loin, très peu d’indices permettent de savoir que cette élévation de 5 hectares cache, en réalité, un casernement entouré d’une position d’artillerie terrestre défendue par une douve sèche fortifiée en avant de laquelle s’étend un glacis d’une huitaine d’hectares.
 Le fossé est formé d’un mur de contrescarpe « attaché » : le niveau du talus extérieur arrivant au sommet de cette paroi. La maçonnerie est donc conçue pour résister à la poussée du terrain. L’enceinte est inclinée : son fruit est de 15%. Sous des arcs de décharge, entre les piliers de soutènement qui entrent dans le sol en s’élargissant, des voûtes laissent le sable s’écouler offrant ainsi une évacuation compensatoire à la pression. Le mur d’escarpe est demi-détaché : le talus du rempart se situant à la moitié de cette construction. L’étroitesse relative de la douve (8 m) et la différence de hauteur entre l’enceinte extérieure (6 m) et le rempart intérieur (4,5m) ne donnait que peu de surface aux impacts des tirs d’artillerie dont les effets étaient déjà amoindris par le défilement général du fort.
Dissimulé par cette butte sableuse, l’édifice militaire était conçu pour accueillir un bataillon formé d’éléments d’infanterie et d’artillerie. Il était organisé en plusieurs cellules : la défense rapprochée, la batterie d’artillerie et le casernement reliés entre eux par plusieurs galeries souterraines. Construit sur les principes architecturaux du « système polygonal », les organes affectés aux tirs d’action lointaine étaient dissociés des éléments assurant le flanquement rapproché de l’ouvrage (7).
 
 
2°)la batterie d’artillerie
 
Le fort est en fait une batterie terrestre couvrant de son feu toute la bande côtière qui n’était pas touchée par les inondations stratégiques. L’analyse du plan des reliefs de l’ouvrage complétée par les renseignements détaillés dans un document du Génie militaire de la Place de Dunkerque, daté de 1882, permet de reconstituer le potentiel d’artillerie initialement prévu.
Quinze pièces de rempart armaient des crêtes basses d’artillerie à ciel ouvert. Elles surplombaient les douves et les cours intérieures. Accessibles depuis la « rue du rempart » par des escaliers maçonnés, les batteries à tir tendu dominaient le territoire couvert par leur feu. Huit pièces d’artillerie étaient disposées sur le versant est du fort, face à la frontière belge. Trois autres canons sur le talus nord et quatre sur le côté sud empêchaient toutes tentatives de contourner la fortification. Chaque emplacement, formé d’un plancher en bois, était protégé des coups frontaux par un parapet. Latéralement, des merlons de terre faisaient office de pare-éclats. La butte formant le massif central du fort servait de parados contre les tirs à revers.


 Entre deux positions d’artillerie, sous une élévation, se trouvaient des abris dit « de traverse » car ils traversaient le parapet du fort. Leur ouverture principale faisait face au parados et de chaque côté un escalier permettait aux servants d’accéder aux plates-formes de tir. L’entrée de ces ouvrages était flanquée de deux petits magasins à poudre et projectiles.
 
La pièce d’artillerie qui arma généralement les forts de type « Séré de rivière » était le canon de 90 de Bange modèle 1877. Sa portée de tir efficace était de 3 km mais il pouvait tirer jusqu’à 5 km. Il était monté sur un affût spécial avec des roues métalliques pour son utilisation en forteresse. La plupart des pièces d’artillerie n’étaient pas en position sur les crêtes à ciel ouvert. Pour des raisons de préservation et d’entretien, elles étaient emmagasinées.
 
 
3°) La défense rapprochée
 
Au sommet des glacis, le fort est entouré par une douve sèche : premier obstacle à toute tentative de pénétration dans l’enceinte. Pour éviter son franchissement, ce fossé stratégique était défendu par des caponnières (ouvrages bas adossés à l’escarpe) où se répartissaient les 10 pièces d’artillerie dites de flanquement. Dans le saillant nord-est, une caponnière simple couvrait de son tir la douve nord. Le saillant sud-est était formé d’une double caponnière qui battait de son feu les fossés est et sud. Sous l’entrée, une double caponnière de front de gorge défendait de chaque côté la douve ouest. La caponnière double était implantée dans le saillant le plus exposé aux tentatives de pénétration.
 Ces ouvrages fortifiés étaient armés de 2 pièces de flanquement (4 pour les caponnières doubles). Par les embrasures renforcées de pierre de taille, un canon-revolver « Hotchiss » ( cette mitrailleuse modèle 1879 était composée de 5 tubes tournant autour d’un arbre central ) et un canon de « 12-culasse » ( ancien canon de campagne de 1858 muni d’une culasse de Lahitolle et monté sur un affût métallique de type forteresse ) prenaient en enfilade la dépression défensive ( le premier tirant sur la troupe, le second étant chargé de détruire les engins de franchissement ). Au pied de ces ouvertures, une excavation était creusée empêchant tout atteinte et recueillant les débris de maçonnerie pouvant nuire à l’efficacité des tirs (8). Dans les chambres de tirs pour pièce d’artillerie, un évent surmontant l’embrasure servait à l’évacuation des fumées. Ce système d’aération était complété par une cheminée traversant le dôme sableux. Chaque caponnière était reliée à l’intérieur du fort par des escaliers ou un plan incliné sous voûte. Au bas de ce passage souterrain, des soutes permettaient de stocker les munitions amenées par chariot sur rails. Les chambres de tir étaient protégées par une succession de casemates latérales. En fonction de leur emplacement, elles possédaient différents types de fenêtres défensives :
- des meurtrières horizontales pour une utilisation en contre-plongée d’armes légères vers le fond du fossé,
- des meurtrières verticales au niveau des angles formés par la douve car la distance entre les parois y est plus grande,
- des créneaux de pied permettant un lancer de grenades dans le fossé.
A chaque extrémité du couloir reliant ces casemates, une porte blindée fermait l’accès à un chemin couvert derrière le mur d’escarpe. Ce passage permettait à l’infanterie par une multitude de meurtrières de couvrir de son feu toute la surface des douves entravée de pieux et fils métalliques. Au regard des autres fortifications « Séré de Rivières », les caponnières devaient être couvertes à leur sommet par des grilles métalliques mais nous n’avons trouvé aucune trace de ce dispositif dans le Fort des Dunes.


Complétant ces défenses basses de fort, plusieurs banquettes de tir pour infanterie étaient positionnées au-dessus des caponnières des saillants nord-est et sud-est, de chaque côté du corps de garde de l’entrée où le pont-levis était levé et au sommet du massif central. Cette dernière banquette était accessible par un escalier extérieur depuis la cour centrale et par un escalier intérieur qui depuis le casernement « troupe » traversait le parados en accédant à un magasin de munitions et un abri. Ces positions qui dominaient les glacis ( zones dégagées de toutes sources de protection ) donnaient la possibilité aux défenseurs de battre d’un feu nourri les alentours du fort.
 
 
4°) Le casernement
 
Protégé par des douves fortifiées, entouré de plates-formes d’artillerie, l’intérieur du fort abrite, sous le massif central, les bâtiments du casernement. Les différentes structures, situées dans la partie ouest, sont couvertes, à l’est, par un parados de 6,5 m d’épaisseur de sable longeant la rue des remparts et sont ainsi à l’abri d’un bombardement. Cet ensemble de constructions se divise en 3 parties édifiées chacune autour d’une cour et reliées entre elles par des passages voûtés traversant les différents talus et merlons qui masquaient les façades de l’ouvrage. Chaque zone avait une fonction particulière dans la gestion du fort prévu pour subvenir aux besoins de 13 officiers, 22 sous-officiers et 416 soldats (9).




La caserne


Depuis l’entrée du fort, on accède par un long tunnel à la cour centrale. Cette surface pavée de 400 m2 est encadrée par le bâtiment servant de logement pour les hommes de troupe. Cette caserne à un étage a été construite selon le procédé « Haxo ». Cet ingénieur militaire avait conçu, en 1855, une organisation architecturale des « casemates-logements ». Lorsqu’un coup avait atteint une pièce, les dégâts se limitaient dans l’espace préservant le restant de la construction. Pour résister aux bombardements, la voûte des salles ( 90 cm d’épaisseur) avait une portée inférieure à 6 mètres, les piédroits étaient très larges (1,2 m). D’autres éléments accentuaient la protection : les cheminées maçonnées étaient couvertes d’un chapeau métallique, les portes et les fenêtres étaient fermées par des volets blindés type « persienne ». L’ensemble de la caserne se trouvait sous une couche de plusieurs mètres de sable.
Le bâtiment est composé de 8 chambres de 80 m2et de 3 chambres de 40 m2. Chaque salle possédait un poêle pour le chauffage et un système d’aération par vide sanitaire inclus dans les piédroits. Un couloir longitudinal dans l’alignement de la galerie d’entrée permettait de rallier la rue des remparts et un autre transversal reliait la caserne avec la partie du fort afférente aux services. Dans la cour un escalier extérieur accédait à l’étage ; un autre amenait au sommet du massif. Au centre du bâtiment, un escalier complété par un monte-charge associait la fonction des deux précédents (10).



 
Une galerie voûtée permet d’accéder vers le sud dans une petite cour où a été édifié le pavillon des cadres. Cette construction excentrée par rapport aux logements de la troupe possède à l’étage des chambres pour le commandant du fort et les officiers responsables des différentes unités. Au rez-de-chaussée, des salles de service pour l’état-major complétaient l’édifice. La cour des cadres est reliée à la rue des remparts par un vaste couloir traversant le bâtiment puis le parados.


 
Le Pavillon des cadres et la cour sud

 
Au nord, se trouve une troisième cour donnant accès aux bâtiments de services du fort comprenant le magasin d’artillerie, une boulangerie, et une citerne souterraine de 405 m3. Au sommet de cette construction sur la face nord-ouest, un plan incliné recouvert de tuiles permettait d’approvisionner la réserve d’eau. Un système de gouttières y déversait la pluie.
 


L'entrée de la boulangerie

Sous les voûtes latérales de la cour centrale étaient réparties les autres pièces. Dans la galerie nord, se trouvaient un garde-manger, un abattoir et une cuisine. Le fort bénéficiait de deux fours de 200 rations. Le passage voûté sud contenait les latrines, l’ambulance, l’écurie et le magasin du Génie.
Toutes les pièces et les galeries souterraines étaient éclairées par des lampes à pétrole logées dans des petites niches incrustées dans les parois des voûtes. Ce système d’éclairage voyait son efficacité accentuée par la peinture blanche qui recouvrait le plafond de la plupart des pièces. Numérotées, les lampes étaient régulièrement entretenues par un « lampiste » qui vérifiait leur fonctionnement, leur alimentation en pétrole et l’état de la mèche.
Les destructions de plusieurs édifices en 1940 mirent à jour la couverture des bâtiments normalement cachée par une couche protectrice de sable. Au dessus des voûtes et plafonds des différentes maçonneries, des dômes de conglomérat recouverts d’une croûte imperméable avaient été conçus afin d’optimaliser l’écoulement des eaux pluviales.
 
 
5°) La poudrière
 
Le magasin à poudre du fort a été judicieusement édifié sous le massif central du côté nord de la fortification. Ce positionnement offrait à cet ouvrage sensible une protection efficace. Située sous le talus du versant septentrional, la poudrière était protégée des coups directs. Sa position centrale accentuait son potentiel de préservation en raison de la présence des parapets des alvéoles d’artillerie. L’entrée donnait dans une galerie voûtée. Un autre accès excentré et indirect accédait à la cour des services.
La chambre des poudres d’une contenance de 70 000 kg a une architecture propre à son rôle. Elle comporte une double maçonnerie interne et externe, y compris dans le sous-sol, entre lesquelles circule un volume d’air. Ce principe permettait de contenir les effets d’une explosion et de garantir la qualité de l’air grâce à des cheminées d’aération. A l’intérieur pour éviter une destruction du stock, le seul métal autorisé était le bronze. Le niveau du sol était surélevé par un plancher en chêne pour isoler la poudre de l’humidité du sous-sol. Dans le sas d’entrée, un escalier donne accès à une pièce de garde dominant le magasin et le garage de chargement. Au fond du bâtiment, se trouvait la chambre des lampes équipée de lampes à pétrole avec déflecteur et séparée de la salle par des vitres munies de verres épais. Au sommet du parapet sableux de la poudrière, un paratonnerre muni de 2 tiges protégeait ce magasin contre la foudre (11).
A la fin du XIXème siècle, l’évolution de l’armement et par conséquent celui des munitions d’artillerie rendit désuète la poudrière du fort. L’armée fit construire en 1898 un nouveau magasin des poudres dans les dunes au sud-ouest de la fortification. Un chemin stratégique couvrait les 600 mètres qui séparaient les deux édifices militaires. Ce « Magasin à poudre bétonné des Dunes » fut remis en 1901 au service de l’Artillerie après la réussite des tests de siccité ( épreuve vérifiant la qualité du bâtiment pour la conservation des poudres). Cette poudrière d’une même contenance que celle du fort ( 70 000 kg ), possédait, en raison des nécessités techniques, une architecture totalement différente. Les ateliers de chargement et la chambre aux poudres étaient couverts d‘une dalle en béton armé de 2m d’épaisseur. Un massif de sable formant une couche de 5 m, fixé par de la terre végétale, recouvrait ces bâtiments. Des baies avec diaphragme assuraient l’éclairage des ces locaux. Deux voies Decauville ( petite voie ferrée ) passant par des galeries latérales permettaient le transport des différents composants entre les ateliers et les hangars. La protection de l’ouvrage était assurée par un corps de garde attenant à l’enceinte extérieure. Une cour fermée permettait d’effectuer les manoeuvres de réception des éléments constituant les munitions et l’expédition des projectiles vers les différentes batteries (12).
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