Association Fort des Dunes
 
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L'origine de sa construction
1°) L’élaboration du réseau de fortifications
 
A la fin du XIXème siècle, les conséquences de la défaite de la guerre de 1870-1871 avaient modifié profondément les données militaires en France :
- A la suite du traité de Francfort, signé le 10 mai 1871, la cession de la région « Alsace-Lorraine » à l’empire allemand avait généré un déplacement de frontières rendant les limites territoriales particulièrement fragiles en cas de nouveau conflit.
-L’armée française sortait diminuée par cette défaite. Un laps de temps conséquent serait nécessaire pour lui redonner un potentiel offensif.
- Les événements de 1870 avaient démontré l’inadéquation d’une stratégie de défense s’appuyant sur des grandes places fortes avec l’évolution de la puissance militaire.
La situation imposait à l’état-major français d’évoluer vers un concept défensif apportant une protection efficace du territoire.
En 1872, le Général Séré de Rivières qui avait déjà réalisé de nombreux travaux de fortifications fut chargé par le gouvernement d’élaborer un nouveau système de défense fortifiée. Ses théories l’amèneront, en 1874, à diriger les services du génie, maître d’oeuvre de la construction du réseau de fortifications qui portera son nom. (1)
S’appuyant sur la morphologie du terrain, le général Séré de Rivières va concevoir un système de fortifications quadrillant les zones frontalières. Des forts d’arrêt implantés dans les grands axes de pénétration naturelle associés à un rideau d’ouvrages défensifs encadrés par des camps retranchés devaient canaliser les attaques ennemies dans des espaces où l’armée de campagne était chargée de les arrêter puis de les refouler. Cette défense fut répartie sur trois lignes de fortifications : la ligne des frontières, la ligne Somme-Champagne et Paris. En 1885, le réseau défensif était presque achevé. De Dunkerque jusqu’aux sommets du Jura, le Génie avait édifié 105 forts, 25 ouvrages secondaires et 162 batteries. Depuis le « pré-carré » de Vauban, aucun réseau de fortifications n’avait eu autant d’ampleur.


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Portrait du général Séré de Rivières
 
 
2°) La défense des frontières du Nord
 
Dans un rapport sur l’organisation de la frontière du nord, en date du 15 avril 1876, le général Séré de Rivières considéra comme prioritaire la fortification de la frontière entre les villes de Valenciennes et Mézières où la configuration du terrain offrait des axes de pénétration importants vers les vallées du Bassin Parisien ( la trouée de Chimay et la vallée de la Meuse ). Valenciennes et Maubeuge devaient être aménagées en camps retranchés, soutenus par d’anciennes places fortifiées comme Condé, Bouchain, Le Quesnoy et Landrecies. Profitant des obstacles naturels que représentaient les forêts de Mormal et de Raismes, le dispositif fut complété par des forts d’arrêt à Hirson, Rocroi, Givet et Mézières.
La mise en place du système défensif entre la Mer du Nord et La Scarpe n’était que secondaire. Les fortifications édifiées par l’armée belge autour des principales villes de son royaume accordaient une sécurité supplémentaire à la France septentrionale. La région de Lille bénéficiait déjà d’un réseau de fortifications extrêmement dense qu’il suffisait de réorganiser. Afin de protéger des risques de bombardement l’importante population lilloise et le potentiel économique de cette métropole, 6 forts et 7 batteries annexes furent édifiés autour de l’agglomération.
En cas de conflit, si l’ennemi venu de Belgique remontait la vallée de l’Escaut pour pénétrer sur le territoire national, la région du littoral n’aurait qu’une position de flanc. Dans un exposé sur le système défensif du 20 mai 1874, la plaine maritime apparaissait pour le général Séré de Rivières comme une région stratégiquement excentrée, facile à défendre en raison de la présence de places fortes à Dunkerque, Gravelines et Bergues confortées par le rempart naturel que pouvaient représenter les inondations des polders. De plus, les infrastructures portuaires de Dunkerque offraient un potentiel de ravitaillement important. Du fait de sa situation de flanquement, la décision fut prise de construire autour de Dunkerque un centre défensif intégrant les anciennes fortifications et complété au Sud du dispositif par des forts, à Socx et Quaedypre, et une batterie, prés de Hoymille (2). Mais, l’évolution des voies de communication modifia la répartition de l’implantation des forts sur le territoire national. La densification du réseau de fortification, notamment dans la région de Verdun où l’édification des ouvrages fut accrue de 12 réalisations supplémentaires, nuit à l’achèvement des places fortifiées de la région du Nord. Par conséquent, dans la région dunkerquoise, un seul fort terrestre, type « Séré de Rivières », fut construit : le Fort des Dunes.



 
  Plan des fotifications de la ville de Dunkerque fin du 19éme siècle 

 
3°)L’emplacement du fort
 
Le site choisi pour l’édification du fort était lié à la défense terrestre de Dunkerque. Plusieurs facteurs influencèrent son implantation. Certains sites possédaient d’anciennes fortifications des XVIIème et XVIIIème siècles et formaient un noyau assez dense au sud et à l’ouest de l’agglomération dunkerquoise. Bergues, Gravelines, les forts Vallières et Castelnau sont encore aujourd’hui une preuve de ce potentiel fortifié. Le port et la ville étaient protégés par une enceinte qui avait subi des modifications récentes. Un formidable rempart naturel pouvait être réalisé en inversant le système des « Waeteringues ». Toutes les zones de polders formant la banlieue rurale de Dunkerque pouvaient être inondées d’eau douce ou d’eau de mer par modification de l’éclusage réglant l’évacuation des eaux des basses terres. Ces obstacles artificiels et naturels offraient à la région dunkerquoise des capacités de défense indéniables. Cependant une faille existait dans ce dispositif, à l’est de Dunkerque. Une bande de terrains littoraux n’était pas inondable et, en dehors des remparts de la ville, elle n’était couverte par aucune fortification. Cet espace dénommé aussi « Goulet de Bray-Dunes » formé du cordon dunaire et de polders primitifs possédait un réseau de voies de communication vitales venant de la frontière belge ( un canal, deux routes et une voie ferrée). Dans le cadre d’une nouvelle conception de défense du territoire national, il était donc impératif pour l’armée de construire un ouvrage fortifié fermant cet axe de pénétration vers le port de Dunkerque.
Le choix de l’emplacement dans la partie orientale du littoral fut lui aussi déterminé en fonction de plusieurs paramètres qui expliquent son édification à Leffrinckoucke :
- le décret du ministère de la guerre, en date du 1er octobre 1877, spécifiait que le fort devait posséder une batterie de marine annexe ; cet ouvrage côtier devant assurer la défense maritime de Dunkerque, son implantation fut définie par la localisation de la passe marine de Zuydcoote,
- ce point fortifié devait être détaché des remparts afin de bloquer l’ennemi à une distance suffisante pour préserver l’agglomération portuaire,
- la configuration du terrain permettait de placer un ouvrage au centre du goulet résistant aux inondations,
- autre élément favorable, le secteur dunaire Leffrinckouckois possédaient des hautes dunes. Lors de la « bataille des dunes », en 1658, Turenne avait déjà intégré cette spécificité dans sa stratégie. Ces élévations sableuses allaient permettre d’incorporer dans le paysage un relief lié à un ouvrage fortifié.


 
Plan de situation du foet et son annexe côtière
 
4°) Les travaux de construction
 
Dans la logique de l’édification du système défensif « Séré de Rivières », l’armée chargea le service du Génie de la place de Dunkerque de délimiter les terrains nécessaires à la réalisation de l’ouvrage. Les plans de délimitation étant exécutés, le Ministre de la guerre décréta, le 1er octobre 1877, la construction du fort de l’Est et de sa batterie côtière annexe    ( la dénomination « fort de l’Est » qui était l’intitulé originel sera rapidement remplacé par le nom de « fort des Dunes »). A la suite de la publication de l’appel d’offres, plusieurs entrepreneurs furent candidats à l’obtention du marché:
- Pechverty Eugène de Belfort,
- Louchart Etienne de Paris,
- Avart Martin de Dunkerque,
- Olivier Arsène de Dunkerque,
- Quilliet Louis de Dunkerque.
Lors de l’ouverture des plis qui se déroula à la mairie de Dunkerque, le 7 novembre 1877, se fut Louchart qui fit l’offre la plus avantageuse pour l’Etat avec une surenchère de 7,8% et qui remporta le marché de la construction de ces deux fortifications.(3)
Au cours des séances du 23 novembre et du 6 décembre 1877, le tribunal civil de Dunkerque confirma l’expropriation des parcelles de terrain sur lesquelles le fort allait être édifié. Elles appartenaient à la compagnie du chemin de fer de Dunkerque à Furnes ( 0,28 hectare) et à Gaspard Malo (13,20 hectares). La superficie totale du fort et de ses glacis représentait exactement 12 ha 74 a 62 ca. A la queue du glacis, un bornage réalisé en pierre de taille octogonale marquait ce terrain militaire du fort. Ensuite, réparties dans l’environnement de l’enceinte, des bornes numérotées délimitaient les 3 zones de servitudes réglementant l’implantation de construction civile au voisinage de l’édifice militaire. Cette délimitation influença l’urbanisation balnéaire au début du XXème siècle mais les servitudes furent annihilées lors de l’édification des cités ouvrières liées à l’implantation de l’Usine des Dunes en 1912.
Ces ventes obligatoires de terrain au profit de l’Etat furent complétées par des occupations temporaires de terrains nécessaires à la logistique de la construction. L’industrie locale ne pouvait pas fournir les 18 à 20 000 000 briques nécessaires aux travaux dans le courant de l’année. A la demande de l’entrepreneur, les militaires réquisitionnèrent des parcelles agricoles aux alentours du pont de Leffrinckoucke pour y extraire la terre à briques puis fabriquer, sécher et cuire ce matériau de construction (la briqueterie qui se situait le long du canal de Furnes sur le territoire communal de Téteghem trouve peut-être ici son origine). Entre le pont et le fort, le Service du Génie établit un chemin de fer à traction de cheval et remit en état, pour ses propres besoins, l’Hofstède « Cleene Helle ». (4)
L’ordre officiel de commencement des travaux arriva le 24 septembre 1878. Ce délai causa quelques tensions avec l’entrepreneur qui, depuis le mois de juin, était disposé à entamer la construction. L’édification du « Fort des Dunes » prit fin en 1880. Nous ne possédons pas de données explicatives sur la technique d’édification de l’ouvrage. Cependant certains éléments comptables rappellent que tous les travaux de terrassement furent accomplis à la brouette et qu’ils furent effectués antérieurement et postérieurement aux élévations de maçonneries pour la construction des douves mais aussi dans le cadre de la réalisation des parapets et remblais protégeant les différentes structures du fort.
 
 
5°) Le classement de la fortification
 
Par la loi du 29 décembre 1881, le Fort des Dunes fut incorporé dans la Place de Dunkerque, classée en première série des places de guerre en fonction des conditions déterminées par la commission des fortifications. L’ouvrage défensif de Leffrinckoucke devenait l’une des pièces maîtresses de la stratégie de défense du territoire et de l’agglomération dunkerquoise.
En 1885, l’évolution de l’armement et plus précisement celui des munitions d’artillerie allait profondément modifier le potentiel de destruction des projectiles. Des tirs expérimentaux effectués sur le fort de Malmaison remettaient en cause une partie du concept architectural des fortifications du type « Séré de Rivières » (5). Les ouvrages devenaient inadaptés devant les capacités de l’artillerie. Les obus-torpilles à la mélinite (explosif à base d’acide picrite) étaient parvenus à détruire une voûte maçonnée de 1 m d’épaisseur protégée par une couche de 2 m de terre. Certains forts des frontières de l’est furent modifiés et leurs maçonneries furent renforcées . Le Fort des Dunes ne connut aucune amélioration des éléments de protection de ses structures. Si certains épisodes de la première guerre mondiale démontrèrent l’efficacité du système « Séré de Rivières », le déficit de résistance aux impacts aura par contre des conséquences désastreuses en 1940.
En 1919, un cadre légistatif permit aux villes de plus de 10 000 habitants d’élaborer un projet d’extension. Toute volonté d’évolution urbaine engendrait nécessairement le démantellement de l’enceinte fortifiée de Dunkerque. Déjà, au début du siècle, le ministre de la Guerre avait admis le principe d’un déplacement des fortifications. Le 8 mars 1921, une loi déclassait les ouvrages fortifiés des enceintes de Calais et Dunkerque. Cette mesure concernait le Fort des Dunes intégré dans la défense fortifiée des places du littoral qui perdait toute sa valeur stratégique. La destruction des remparts s’effectua en 1930 (6). Avec le Front de Mer, le Fort des dunes devenait le dernier vestige du réseau défensif oriental de la place forte de Dunkerque.
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